
Dans la réalité du TDAH les parents sont épuisés, car il s’agit de bien plus qu’un diagnostic. Il y a des parents qui aiment sans relâche, des enfants qui tentent de se réguler du mieux qu’ils peuvent et des familles entières qui avancent dans une tempête invisible. Derrière chaque crise, chaque répétition, chaque fatigue qui s’installe, il existe une histoire profondément humaine. Cet article est conçu comme un espace pour comprendre ce qui se joue réellement, pour remettre du sens là où la confusion domine et pour redonner de la douceur là où l’épuisement a pris toute la place.
Le TDAH aujourd’hui est un trouble mieux défini et reconnu
Pendant longtemps, on distinguait le TDA (sans hyperactivité) et le TDAH (avec hyperactivité).
Les classifications actuelles ont fait évoluer cette distinction.
DSM-5 : une classification américaine précise
Le DSM-5 décrit trois présentations du TDAH.
- Inattentive,
- Hyperactive/impulsive,
- Mixte.
CIM-11 : la référence officielle en Europe
La Classification Internationale des Maladies (CIM-11), publiée par l’OMS, est la norme utilisée en France et en Europe.
Cette unification permet de reconnaître les profils inattentifs, souvent invisibles et pourtant très épuisants pour les familles.
Références européennes : des sources scientifiques sérieuses et nuancées
Au-delà de la CIM-11, l’Europe s’appuie sur deux réseaux d’experts.
- EUNETHYDIS — Réseau européen pour les troubles hyperkinétiques.
- EAGG — European ADHD Guidelines Group
Ces groupes :
- valident les connaissances scientifiques actuelles,
- recommandent une évaluation globale,
- insistent sur la prudence diagnostique,
- prennent en compte le contexte familial, scolaire, émotionnel,
- reconnaissent la diversité des profils TDAH.
» Dépathologiser » pour mieux comprendre
Dans La fabrique des enfants anormaux, le pédopsychiatre Thierry Delcourt met en lumière une dérive contemporaine :
- diagnostiquer trop vite,
- médicaliser trop tôt,
- réduire la différence à une anomalie,
- oublier le contexte humain.
Pour lui,
- certains enfants ne souffrent pas de “troubles”, ils sont simplement sensibles, immatures, fragilisés,
- l’école peut renforcer la pathologisation,
- l’enfant doit être observé dans son ensemble.
Ce que les comportements qui déroutent les parents signifient réellement
Les enfants porteur de TDAH adoptent parfois des comportements qui déconcertent comme :
- cacher de la nourriture,
- mentir pour éviter une émotion,
- s’opposer,
- exploser sans prévenir,
- fuir les devoirs,
- oublier immédiatement une consigne.
Selon les recherches récentes, ces gestes sont des :
- stratégies d’autorégulation émotionnelle,
- tentatives de se rassurer,
- réponses à une surcharge sensorielle,
- manifestations d’un manque d’inhibition.
Ces comportements sont des messages muets et en aucun cas des provocations.
Pourquoi un enfant TDAH cache de la nourriture ?
C’est un comportement fréquent, et très mal compris.
Les connaissances actuelles montrent que cacher de la nourriture peut répondre à :
- un besoin de sécurité intérieure,
- un rituel pour calmer une tension,
- une manière de reprendre du contrôle,
- une stratégie inconsciente pour gérer un stress invisible.
Pourquoi les punitions aggravent ?
- Elles augmentent la honte → l’enfant cache davantage.
- Elles augmentent la tension → le comportement se fige.
- Elles coupent le lien → la communication se ferme.
Le but n’est pas de sanctionner, mais de comprendre ce qui se joue.
Que cachent les crises liées au TDAH ?
Une crise liée au TDAH n’est jamais volontaire. Elle doit plutôt être vue comme un orage émotionnel.
Elle survient lorsque le cerveau ne parvient plus à :
- réguler,
- inhiber,
- trier,
- analyser,
- s’apaiser.
Une crise, ce n’est pas :
- un manque d’éducation,
- une attaque personnelle,
- une provocation.
Une crise, c’est :
- un cerveau saturé,
- une émotion qui déborde,
- un enfant qui cherche un ancrage affectif.
L’épuisement parental lié au diagnostic TDAH d’un enfant est une réalité documentée
Les parents d’enfants diagnostiqués TDAH ont 2 à 3 fois plus de risques d’épuisement parental.
Cet épuisement provient de :
- la charge mentale,
- la gestion des crises,
- les devoirs difficiles,
- l’intensité émotionnelle familiale,
- le manque de soutien,
- la pression sociale,
- la répétition quotidienne.
Quels sont les signes fréquents ?
- irritabilité,
- fatigue chronique,
- pleurs en cachette,
- sentiment de vivre “en mode survie”,
- perte du plaisir parental.
Les 5 C de l’éducation TDAH sont la boussole des parents épuisés
Les 5 C sont un repère simple et puissant, utilisé dans les accompagnements parentaux liés au TDAH pour offrir un cadre sécurisant, prévisible et apaisant aux enfants dont les fonctions exécutives sont immatures.
Il s’agit d’un socle éducatif doux et profondément humain et non de règles strictes.
Clarté
Le cerveau diagnostiqué TDAH a besoin d’explicite.
Les consignes doivent être simples, courtes et visuelles c’est à dire une seule instruction à la fois, des routines affichées, des pictogrammes ou supports concrets.
La clarté diminue l’anxiété et facilite la coopération.
Cohérence
Un enfant diagnostiqué TDAH se régule mieux dans un environnement prévisible.
La cohérence, c’est la constance dans les limites, la répétition des mêmes repères, le respect des routines essentielles et une réaction parentale stable.
Moins de règles, mais toujours les mêmes.
Cadre
Le cadre ne représente pas ici une contrainte mais plutôt une sécurité intérieure.
Il contient l’impulsivité et apaise l’agitation émotionnelle.
Un cadre bien posé, ce sont des routines, des transitions préparées, un environnement organisé et des limites rassurantes.
Calme
Le calme parental est un régulateur émotionnel puissant.
L’enfant diagnostiqué TDAH se synchronise sur le rythme émotionnel du parent.
Une voix posée, un rythme lent, une respiration profonde suffisent parfois à désamorcer une montée en tension.
Mais ce calme n’est possible que si le parent est soutenu.
Connexion
C’est le pilier essentiel. Il n’existe pas de régulation émotionnelle sans relation.
La connexion émotionnelle — présence, regard, validation des émotions, contact doux — permet à l’enfant de retrouver un sentiment de sécurité.
Alléger le quotidien des parents épuisés
- Fractionner les tâches.
Une consigne = une étape. - Proposer des supports visuels.
Les pictogrammes sécurisent. - Prévenir plutôt que punir.
L’anticipation fonctionne mieux que la sanction. - Créer un refuge émotionnel.
Un espace pour que l’enfant respire. - Encourager les micro-réussites
Chaque progrès compte. - Se faire accompagner.
Un parent soutenu est un parent disponible.
Le TDAH est-il transmis par les parents ?
Certains parents se demandent si le TDAH diagnostiqué chez leur enfant est de leur faute.
Un trouble neurodéveloppemental
Les recherches (HAS, INSERM, OMS, EAGG) sont claires à ce sujet.
- Le TDAH n’est pas causé par l’éducation.
- C’est un trouble neurodéveloppemental.
- Il implique des particularités dans les fonctions exécutives (attention, inhibition, gestion des émotions).
- La dimension génétique est forte (70 à 80 %).
Une transmission neurobiologique
La transmission génétique du TDAH est fréquente, mais souvent invisible.
Beaucoup de parents découvrent leur propre fonctionnement TDAH au moment du diagnostic de leur enfant.
L’enfant diagnostiqué TDAH est un trésor en construction
Votre enfant n’est pas un dossier. Ni une anomalie. Ni un trouble ambulant.
Votre enfant est :
- sensible,
- intense,
- unique,
- créatif,
- vibrant.
Votre mission n’est pas de le “rendre normal”, mais de créer un cadre dans lequel il peut s’épanouir autrement.
Avec des repères clairs, une compréhension juste, un regard humaniste, une approche structurée et un soutien adapté, il est possible de transformer profondément le quotidien familial. Cette transformation commence par une chose simple, ne plus avancer seul.
Pour aller plus loin
Si cet article résonne avec votre vécu, vous pouvez découvrir mon accompagnement dédié aux familles d’enfants atypiques, conçu pour vous aider à retrouver clarté et équilibre. Prenez rendez-vous pour en parler.
Un parent soutenu change tout.
Pour lui.
Pour son enfant.
Pour toute la famille.
